Réponse aux accusations du Ministre de l’Intérieur
Dans un entretien dans l’Essentiel du 5 janvier 2024, le Ministre de l’Intérieur, Léon Gloden, insinue que je serais à l’origine d’actes de vandalisme envers sa famille, ensemble avec “tous ces gens”, dont on ignore qui ils sont au juste, probablement le milieu artistique, ou tout simplement tous ceux qui osent le critiquer. Il profite ainsi de ces actes stupides pour se poser en victime, accuser ses détracteurs et faire diversion dans le débat autour de l’interdiction de la mendicité. A aucun moment, il ne réagit au fond de mon action, un poème accompagné d’une caricature, qui l’invite à montrer de la grandeur, se souvenir des valeurs sociales et chrétiennes et revenir sur sa décision au sujet de la mendicité. Non, le ministre préfère jeter au vent toute critique, qu’elle vienne de la société civile ou de la politique, tout comme l’opposition de la Commission Consultative des Droits de l’Homme et de l’intégralité du secteur social, auquel lui et ses tristes complices du conseil échevinal de la ville de Luxembourg se réfèrent pourtant, quand ils veulent se vanter des efforts faits dans le domaine social.
Par son accusation infondée, il assimile l’expression démocratique d’un désaccord dans le débat public et politique à des actes illégaux qu’il s’agit de sanctionner. Il me semble ainsi plus que nécessaire de lui rappeler le Code de déontologie des membres du Gouvernement: “Les membres du Gouvernement sont au service de tous les citoyens. Ils sont tenus d’accomplir leurs fonctions dans un esprit d’intégrité, de désintéressement, de transparence, de diligence, d’honnêteté, de responsabilité et d’impartialité.” Cette hauteur d’esprit ne fait manifestement pas partie des qualités de Monsieur Gloden, qui écarte froidement les obligations morales, sociales et culturelles qui viennent avec sa fonction. La question s’impose alors s’il est apte à exercer son mandat de façon sereine et impartiale, d’autant plus qu’il est responsable de la sécurité intérieure et à la tête des forces de l’ordre. Son attitude peut faire peur, il suffit d’imaginer cet homme au pouvoir dans un prochain état d’urgence.
En jouant avec la peur irrationnelle des citoyens, en interdisant la mendicité et en s’attaquant par la suite aux artistes et critiques, Léon Gloden ne fait pas seulement dans le populisme mais se met carrément au service de l’extrême droite. Aussi, j’en appelle au Premier Ministre de rappeler à Monsieur Gloden les fondements déontologiques de sa fonction.
Et comme le ministre se comporte tel un despote qui ne revient jamais sur ses décisions, j’en appelle aussi aux membres du CSV et du DP, qu’ils soient mandataires ou non, à se manifester, car je suis persuadé que bon nombre entre eux ne sont pas d’accord avec ces méthodes. N’acceptons pas cette diversion stratégique, mais rappelons à nouveau qui sont les vrais victimes dans cette affaire: ce ne sont pas Monsieur Gloden et sa famille, ni même l’artiste attaqué injustement. Ce sont les plus démunis, dont les voix ne comptent pas. La richesse de notre pays se mesurera à son attitude envers les plus pauvres.
Serge Tonnar.
Caricature par Jérôme Grethen.